Ma fille, je vois encore la scène dans ma tête. On revenait de la garderie et tu le cherchais partout. Tu regardais dans chacune des pièces du condo et tu disais, de ta petite voix : « Chat, chat, chat! ». Mais il n’était plus là. Il ne sera plus jamais là.
Les larmes coulaient sur mes joues. Mon chat était mon premier enfant. Celui qui prenait toute la place dans la famille. Celui qui m’attendait en haut de l’escalier lorsque je rentrais le soir. Je l’aimais d’un amour qui ne s’explique pas. Mais, je t’aime plus encore et je ne pouvais pas le laisser te faire du mal. Il t’a saisi, dans un élan de jalousie, sans aucune pitié. Il a brisé ta peau si douce, toute nouvelle. Il a croqué le haut de ta cuisse, à la limite de tes fesses. Et moi, j’étais prise d’un élan de panique, parce que je savais. Je savais que c’était un point de non-retour. Je me rappelais tous les signaux d’avertissement qu’il nous avait envoyés et j’avais bien peur qu’il soit capable de le refaire, de faire quelque chose de bien pire.
Nous voulions l’envoyer dans une maison sans enfant, mais on avait été clair avec nous : on réserve la mort aux chats qui mordent au sang un humain. Nous avons donc pris la décision de l’amener et de le laisser partir en toute dignité. Parce qu’il était une partie de notre famille, parce qu’il nous a donné tant d’amour. Il t’avait fait mal, mais je ne pouvais tout de même pas m’imaginer qu’on lui fasse du mal.
Je le vois encore partout dans la maison. Je reconnais ses endroits préférés, je l’attends le soir, sur le divan, pour qu’il reçoive de l’amour plus qu’il n’en faut. Mon beau Louis, notre petit prince. Plein de questions se bousculent dans ma tête. Lui a-t-on donné trop d’attention? Aurais-je dû réagir plus tôt?
Malgré tout, je te sais maintenant en sécurité, ma fille. Je ne suis plus sur mes gardes dès que je te vois l’approcher. Parce que maintenant, c’est toi ma priorité.
Et vous? Avez-vous déjà eu à vous départir de votre animal?